Sur Silver Threats, leur deuxième album, les deux Belges affichent une volonté de maturité débouchant sur des morceaux moins enflammés, plus posés et lourds, signes de changement, d’évolution, d’envie de faire pas pareil que sur Set Your Head on Fire, ce premier effort sentant le souffre qui avait tant bluffé tout le monde l’année dernière. Voilà pour le décor.
La soirée de mercredi fut la parfaite transposition en live de cette l’opposition relative des deux albums : moments de bravoure extatique d’un côté, avec des I Think I Like You, I Don’t Want It, You Better Get in Touch With the Devil et Set Your Head on Fire taillant la salle en pièce, déclenchant des mouvements de corps excités venant écraser le premier rang au milieu duquel je m’étais réfugié (au point de me rappeler Eagles of Death Metal au Bataclan l’année dernière, c’est dire) ; passages plus calmes de l’autre avec des Gravity Blues, Our Town Has Changed for Years Now ou Do I Know You empreints d’un blues lancinant et lascif plus ou moins efficace. Arrivé au milieu du set, je réalise que si je garde un souvenir brûlant des deux précédents passages de The Black Box Revelation (en première partie de Ghinzu puis à la Flèche d’Or), c’est peut-être parce que les deux sets étaient courts et que le duo se voyait dès lors forcé de livrer un condensé de lui-même, évidemment corrosif. Se retrouvant avec toute la soirée pour eux seuls, Paternoster et Van Dijck se mettent à l’aise et laissent passer des moments calmes qui, s’ils permettent à tout le monde de souffler cinq minutes, finissent par tacher quelque peu le tableau.
Bien sûr, The Black Box Revelation reste The Black Box Revelation : l’association d’un grand échalas aux longues mains tricotant des riffs comme pas deux et d’un frappeur jovial massacrant ses fûts en affichant la béatitude la plus complète. La réponse de Bruxelles à Détroit. C’est pas peu dire. Reste que mercredi un truc manquait pour rendre la soirée parfaite. Un peu de mise en danger. Plus d’étincelles de folie pour mettre le feu aux poudres. Le choix de Here Comes the Kick aux dépens de Love, Love Is on My Mind en guise de final est significatif : sans estocade on n’achève personne. Le public ressort vivant. Éreinté mais frustré. Un peu rageant.
The Black Box Revelation – Do I Know You